L’exposition OPTYC est présentée à la librairie La Galerne au Havre, du 5 au 31 mai 2025. Que vous soyez sur place ou à distance, cette série vous propose une traversée de New York autrement : par la photographie, la musique et la matière.

L’artiste derrière ce travail est Antoine Tauvel.

Si vous avez écouté Passagers des cieux, l’audioguide sur l’Égypte, vous vous souvenez peut-être du dialogue entre image et haïku. Ici, le dispositif est différent : chaque photo est associée à une musique. Pas une musique d’ambiance, mais une œuvre choisie avec soin. Ce sont des morceaux de musiciens nés à New York, marqués par la ville ou simplement de passage. La ville a laissé une empreinte dans leur œuvre. Et dans la nôtre.

Chaque musique apporte une émotion. Elle transforme la perception de l’image. Elle l’amplifie, la contredit parfois. Il y a une tension entre ce qu’on voit et ce qu’on entend. La photographie seule n’est plus la même une fois la musique écoutée. C’est un va-et-vient entre le son et la vision.

Formes, reflets et illusions

Les images jouent avec les effets d’optique, les reflets, les contre-plongées. Le ciel devient carrefour. Les perspectives se troublent. La géométrie s’invite : triangles, carrés, lignes nettes. Il y a un goût pour l’épure, la matière, la surprise.

Les supports sont variés : papier baryté, dibond, plexiglas, papier Hahnemühle, héliogravures sur cuivre… Certains tirages sont brillants, d’autres mats. Certains sont encadrés, d’autres non. Le contraste est volontaire.

À cela s’ajoute une sculpture : Composition VIII sur trompette, inspirée de Miles Davis, de Duchamp et de Kandinsky. Une trompette démontée et recomposée, sans colle, dans un esprit de jeu. Le souffle y est absent, mais la vibration est là.

Un fil rouge

L’exposition interroge notre perception du monde. Elle fait appel au réalisme magique : cet imaginaire qui surgit dans le réel. Comme dans Le Petit Prince, ou les romans de Gabriel García Márquez. Un immeuble, un reflet, une lumière… et le quotidien se trouble. Une magie naît. C’est cette magie du réel que l’exposition cherche à révéler.

 

Ecoutez l’audioguide de l’exposition

 

Composition VIII sur trompette

Musique : Miles Davis (en filigrane)

Cette sculpture rend hommage à Miles Davis et à Kandinsky. Le titre fait référence à Composition VIII, une œuvre forte en formes géométriques. Ici, la trompette est démontée et remontée sans colle ni soudure. Elle devient un objet graphique, presque irréel. On reconnaît l’instrument, mais il ne sonne plus. Il est en attente.

Un petit jeu visuel accompagne l’œuvre : un rébus formé d’une note, d’une lettre, d’un dé et d’une vis, à déchiffrer. L’esprit est ludique, poétique, presque dadaïste.

Pour la composer, Antoine a appris les bases de la trompette. Il voulait comprendre la matière, la mécanique, le souffle. Ce souffle que l’on retrouve dans le jazz, mais aussi dans les haïkus de l’exposition égyptienne. Ici, il est remplacé par le silence. Mais la forme, elle, appelle à vibrer à nouveau.

Prince of Darkness

Musique : Miles Davis – So What – Héliogravure (Tirage 4/3 vertical), cadre noir et plaque suspendue

Photo centrale de l’exposition. L’une des préférées d’Antoine.

Elle évoque l’atmosphère d’un club de jazz new-yorkais. Fumée, lumière, oblique, ciel coupé. L’image est traversée d’une ligne brillante. Plusieurs styles architecturaux cohabitent : gratte-ciels récents, buildings anciens. Certains s’effacent dans les nuages.

Le titre, Prince of Darkness, était le surnom de Miles Davis. La musique choisie, So What, l’a accompagné depuis quinze ans. Il y retrouve une sensation de rêve éveillé.

L’image a été tirée en héliogravure. Juste à côté, on peut voir la matrice en cuivre, encadrée dans une laque noire réalisé à la main. L’acier, le verre, le noir : tout évoque la matière de la ville.

La photographe Fanny Boucher, qui a réalisé la gravure, raconte qu’elle a écouté So What pour se mettre dans l’état de cette image. Le son a guidé son geste.

Pyramid

Musique : CREAM – Wu Tang Clan – Plexiglas sans cadre (Tirage 16/9 horizontal)

L’immeuble photographié est le One World Trade Center, en contre-plongée. Son sommet forme une pyramide. L’écho avec l’exposition sur l’Égypte est volontaire. Mais ici, la pyramide est un symbole du pouvoir économique, un sanctuaire moderne dédié à l’argent.

Le titre de la chanson – Cash Rules Everything Around Me – renforce ce lien. Le Wu-Tang Clan venait de Staten Island, juste en face de Wall Street. La symbolique est forte : l’argent, vu à distance. Un regard critique, ironique.

Le tirage est fait sur plexiglas, sans cadre. La surface brillante rappelle un écran. Comme une image de télé, froide, lisse, un peu fausse. Une pyramide en toc.

Vanishing Point

Musique :  The Lovin’ Spoonful – Summer in the City – Pochette de Vinyle vielli et vinyle avec l’Histoire de Lacmé sur l’autocollant central, cadre noir et fond blanc (Tirage carré)

C’est une dédicace amoureuse. Une chanson liée à un souvenir personnel : un voyage à Berlin, une nuit des musées, une rencontre.

La photo représente la High Line, ancienne voie ferrée suspendue devenue promenade. L’image est retournée pour renforcer la perspective. Le point de fuite devient plus vertigineux. Comme une pochette d’album.

Au centre du vinyle exposé, une surprise : au lieu des titres de chansons, les titres des photos. Un clin d’œil au jeu, à l’amour, au chemin partagé.

Aerian Crossroads

Son : Bruits de la ville – Dibon sans cadre (Tirage 4/3 horizontal)

Pas de musique ici, mais les sons de New York : klaxons, voix, sirènes, fond sonore constant.

L’image montre un carrefour vu du bas. Un avion passe, un feu tricolore se détache, le ciel est bleu vif. La forme du carrefour évoque un collage de Matisse, tel un oiseau.

Le papier baryté apporte un rendu métallique et froid à la photo. Mais la couleur bleue, omniprésente, adoucit l’ensemble. Elle traverse toute l’exposition.

Wave

Musique : Arnold Shönberg – Péripétie – Papier aspect vieilli et imparfait, passe-partout blanc, cadre noir (Tirage 16/9 vertical)

Un immeuble aux lignes courbes, rares à New York. Sa forme évoque une vague qui déferle. En bas, un petit immeuble semble effrayé. La scène fait penser à Le Cri de Munch.

Antoine pense aussi au cinéma expressionniste allemand, à Metropolis, à L’Aurore. Ici le papier baryté dévoile sa texture, le papier donne un effet vieilli à l’image et le passe-partout blanc renforce ce côté ancien.

La musique de Schoenberg, tendue, instable, amplifie le malaise. Lui-même n’a pas aimé New York. Son passage y fut bref, en plein hiver. Cette histoire renforce l’ambiance de l’image.

9-11

Musique :  Philipp Glass – Opening – Passe-partout noir, papier baryté mat et cadre noir (Tirage 16/9 vertical)

Tout le monde se souvient du 11 septembre 2001. L’image montre un reflet du One World Trade Center, coupé en deux par une ligne sombre. Les nuages flottent, vaporeux, fragiles.

L’absence des tours jumelles est rendue visible par cette absence de symétrie. À leur place, deux fontaines noires, qui avalent l’eau et la mémoire.

Le format vertical renforce l’effet de chute, ou d’élévation. Le passe-partout noir évoque les photos de deuil. Le papier est lisse, presque glacé. L’ambiance est celle d’un hommage silencieux.

La musique de Philip Glass est simple, pure, mélancolique. Elle porte la perte. Elle parle à ceux qui regardent et à ceux qu’on ne voit plus.

Antoine Tauvel - Maison Lacmé

Bonjour ! Je suis Antoine TAUVEL

En 2012, j’ai co-fondé avec ma femme Cécile le réseau de conciergerie La Minut’Rit. Depuis sa vente en juin 2024 nous travaillons sur un nouveau projet dédié à l’Art : Maison Lacmé.

Tags : Art, photographie, New York, musique, exposition

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Cette exposition porte les couleurs de Maison Lacmé : noir, blanc, bleu. Elles forment une colonne vertébrale visuelle. Les cadres, les supports, les matières varient. Mais un fil les relie : un jeu sur la perception, la géométrie, la lumière.

Chaque image trouble un peu le regard. Illusion d’optique, reflet, perspective inversée. Et chaque musique apporte un contraste ou une résonance. L’intention n’était pas d’illustrer, mais de créer un décalage. D’interroger : que perçoit-on vraiment ? Qu’est-ce qui vient du monde ? Qu’est-ce qui vient de nous ?

Le projet est né d’une seule photo : Prince of Darkness. Puis une autre a suivi. Puis la musique. Puis la matière. Puis la trompette. Et enfin, le concert. Ce cheminement, c’est ce qui donne vie à l’œuvre. Plus que son résultat.

Créer, c’est chercher. C’est relier. C’est transformer. La photographie ici n’est pas technique. Elle est instinctive. Antoine travaille avec un téléphone, sans appareil encombrant. Pour rester proche. Pour capter l’instant. Pour ne pas filtrer. Pour que l’image jaillisse, sans distance.

L’objectif de OPTYC n’est pas de montrer New York. Il est de faire sentir. Ce qui surgit, ce qui échappe, ce qui vibre.

Merci d’avoir pris le temps. Que vous soyez à La Galerne ou ailleurs, nous espérons que cette balade new-yorkaise vous aura laissé une image, un son, une sensation. Ou peut-être une chanson en tête.

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