Un cadre pour mieux se comprendre, créer avec plus de justesse et avancer ensemble

Créer n’est pas une ligne droite, c’est un chemin fait d’élans, d’hésitations, de détours et de décisions.
Pendant longtemps, j’ai cru que ces mouvements traduisaient un manque de méthode, voire une forme d’inconstance. Puis j’ai découvert les 4 personnalités du créatif théorisées par Roger Von Oech, grâce au travail de Philippe Brasseur, expert APM et formateur en créativité.

Ce modèle a mis des mots simples sur une réalité complexe : la créativité n’est pas un trait figé, mais une dynamique intérieure, faite de rôles successifs que nous activons plus ou moins facilement selon les moments, les contextes et les personnes avec qui nous travaillons.

Une même personne, plusieurs postures créatives

Roger Von Oech compare le créatif à quatre figures complémentaires :

  • l’Explorateur, 
  • l’Artiste, 
  • le Sage (ou le juge) 
  • le Conquérant.

Ces personnalités ne s’opposent pas : elles se succèdent, se répondent, parfois se télescopent.

Comprendre ce modèle, ce n’est pas se ranger dans une case, c’est apprendre à reconnaître où l’on se situe dans le processus, et ce dont on a réellement besoin pour avancer.

L’Explorateur : nourrir la curiosité et ouvrir le regard

L’Explorateur est toujours en éveil : il observe le monde, les autres et les détails.
Il s’autorise à poser des questions naïves, parfois dérangeantes, souvent fécondes.

C’est lui qui lit, qui écoute, qui voyage, qui note.
Philippe Brasseur rappelle l’importance du carnet, compagnon fidèle des esprits créatifs, à l’image de Léonard de Vinci.
L’Explorateur ne cherche pas encore à produire. Il cherche à comprendre, à ressentir, à capter ce qui pourrait devenir matière.

Cette posture est essentielle pour éviter la création en vase clos.
Elle permet de sortir des automatismes, de renouveler son regard et d’ancrer la créativité dans le réel.
Sans Explorateur, on recycle, tandis qu’avec lui, on élargit.

L’Artiste : expérimenter, jouer, accepter l’erreur

Lorsque les idées commencent à émerger, l’Artiste prend naturellement le relais.
Il n’évalue pas encore, il essaie !

Il assemble des éléments qui n’étaient pas faits pour se rencontrer.
Il lance des pistes, parfois trop, parfois dans tous les sens. Et c’est précisément ce foisonnement qui fait sa richesse.

Roger Von Oech insiste sur ce point : l’Artiste a besoin de liberté.
Si on le juge trop tôt, il se tait, alors que si on lui laisse de l’espace, il surprend.

Cette phase est souvent inconfortable pour celles et ceux qui aiment la clarté immédiate. Et pourtant, elle est indispensable. C’est ici que naissent les idées inattendues, celles qui n’auraient jamais vu le jour dans un cadre trop rationnel.

Le Sage : structurer, évaluer, donner une direction

Après l’effervescence vient le temps du discernement. Le Sage observe les idées produites et commence à les organiser.

Il ne détruit pas : il affine.

Il pose des questions de fond :

  • Qu’est-ce qui fait sens ?
  • Qu’est-ce qui est cohérent avec nos valeurs ?
  • Qu’est-ce qui peut réellement fonctionner ?

Cette figure est souvent appelée le juge, mais je préfère parler de Sage, car son rôle n’est pas de censurer, mais d’éclairer. Cette posture permet de transformer une intuition en projet structuré. Sans elle, on s’épuise tandis qu’avec elle, on construit.

Le Conquérant : décider, communiquer, passer à l’action

Le Conquérant arrive souvent en dernier, mais il est décisif. C’est lui qui permet en effet à l’idée de quitter l’espace intérieur pour rencontrer le monde.

Il tranche, il assume et il communique.

Cette phase demande du courage, car montrer une création, c’est accepter le regard de l’autre et renoncer à l’idée parfaite pour une idée incarnée.

Philippe Brasseur décrit le Conquérant comme audacieux et déterminé. Il transforme l’élan créatif en réalité tangible. Sans lui, tout reste à l’état de potentiel.

Ce que ce modèle change dans le travail en couple créatif

Travailler en couple rend ces dynamiques encore plus visibles. Quand on crée à deux, les différences de posture apparaissent vite… L’un peut être très Explorateur, l’autre plus Conquérant. L’un a besoin de temps pour expérimenter, l’autre d’avancer concrètement.
Et nous avons pu remarquer que sans cadre de lecture, ces différences peuvent devenir sources de tensions.

Ce modèle nous a aidés à mettre des mots là où il n’y avait que des ressentis et à comprendre que le problème n’était pas l’autre, mais le moment du processus dans lequel chacun se trouvait.

Il permet de se dire : “Tu explores, merci car c’est précieux.” ou bien encore  “Je suis prêt à décider, et c’est le moment.”

Créer en couple, ce n’est pas être synchronisés en permanence.
C’est apprendre à respecter le tempo créatif de l’autre, tout en trouvant un rythme commun. 

Capitaliser sur ses forces, faire grandir ses zones fragiles

Ce modèle invite enfin à une posture plus douce envers soi-même. Nous avons tous des préférences naturelles. L’enjeu n’est pas de les gommer, mais de les équilibrer.

On peut apprendre à :

  • protéger des temps d’exploration
  • laisser l’Artiste s’exprimer sans autocensure
  • différer l’évaluation
  • ritualiser le passage à l’action

Comme le rappelle Philippe Brasseur, la créativité s’entraîne. Elle se cultive au quotidien, par petites touches, avec régularité.

Créer, un mouvement vivant

Pour Maison Lacmé, Antoine et moi croyons à une créativité incarnée, une créativité qui circule entre curiosité, intuition, discernement et engagement. Reconnaître ces quatre personnalités, c’est déjà créer autrement, avec plus de clarté et plus de confiance.

 

À propos de Maison Lacmé

Maison Lacmé crée des œuvres avec des artisans d’art pour faire naître des réalisations qui génèrent du dialogue.
Chaque création devient un langage entre la matière, le geste et ceux qui la découvrent.

Fondée par Cécile et Antoine Tauvel, la maison conçoit des projets où l’émotion rencontre le savoir-faire.
Antoine imagine, sélectionne les artisans d’art et donne vie aux idées.
Cécile rencontre, connecte et fait rayonner les créations.

Ensemble, ils accompagnent les maisons de luxe, architectes d’intérieur et collectionneurs dans la conception d’œuvres qui racontent quelque chose du monde — des pièces porteuses de sens, de lien et d’échange.

Bonjour ! Je suis Cécile TAUVEL

Cécile-parc de clères

Cofondatrice de Maison Lacmé, j’imagine des projets qui rapprochent artisans d’art, créateurs et maisons de prestige autour d’un même objectif : créer du dialogue à travers la matière.
Je suis aussi la voix du podcast Pop in !, où j’explore comment l’art éclaire nos vies.
Après plus de dix ans d’entrepreneuriat, je poursuis un engagement pour la transmission et la valorisation des métiers d’art.

Tags : créativité, artiste, couple

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